L’héraldique est un système emblématique qui unit le tout à l’un et l’abstrait au concret.
Le tout à l’un,
parce que l’héraldique peut aussi bien représenter l’atome que l’univers et cela en passant par la famille, les ordres, les métiers ,les villes, les marques…
L’atome
Saclay (Essonne, Ile-de-France)
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De gueules à un noyau d’atome d’or entouré de quatre électrons d’argent traçant de sable, au chef ondé d’azur soutenu aussi d’argent, chargé d’un écusson de sable aux trois besants d’argent accosté de deux fleurs de lys aussi d’or.
Les métiers, les villes, les marques
Dans toute ville d’une certaine importance le motif des enseignes de magasins s’inspire le plus souvent de l’art héraldique. Les marques d’automobiles elles-mêmes font la part belle aux armoiries. Il est peu de villages, de clubs sportifs, de groupements de provinces, de régiments, d’associations, qui ne restent fidèles à cette science élégante du blason que les vieux auteurs appelaient le noble savoir.
Exemples de logos-écusson de clubs sportifs : Manchester United et F.C. Roma
Logo-blason du constructeur automobile suédois Koenigsegg
Les signes mystérieux qui composent la science héraldique restent les compagnons tenaces des belles et bonnes choses qui agrémentent notre vie moderne : un antique blason orne souvent une vieille bouteille pansue.
L’univers
image de Pierrette
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De sable au disque d’argent.
L’abstrait au concret
Ce blason représente le Jura de manière abstraite :
Montrond (Jura, Franche-Comté
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De gueules au chevron d’argent accompagné de trois besants d’or.
Alors que le blason de Lorient représente la ville concrètement :
Lorient (Morbihan, Bretagne)
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Un écu de gueules à un vaisseau d’argent voguant sur une mer de sinople et un soleil d’or se levant derrière des montagnes d’argent, posées au flanc droit de l’écu et un franc-canton d’argent semé de mouchetures d’hermines de sable. L’écu ayant un chef d’azur semé de besants d’or et surmonté d’un triton au naturel, ayant le bas du corps en forme de poisson, tenant de la main droite une corne d’abondance, et de la gauche une coquille en forme de cornet, qu’il porte à sa bouche pour servir de trompe.
Devise de Lorient : Ab oriente refulget : C’est de l’Orient qu’elle resplendit.
Ainsi en héraldique où est la part de rêve ? Où est la part de réalité ? Avec les blasons on s’y perd…
De même lorsque l’héraldique s’intéresse aux :
familles, ordres ou à une personne uniquement,
elle peut les représenter de façon concrète ou abstraite mais toujours alors l’héraldique représente des imaginaires personnels issus de l’intériorité de chacun et cela de façon plus ou moins complexe. C’est ainsi que l’héraldique en partant du personnel atteint l’universel: elle révèle la personne sans la dévoiler et permet de mettre en relation la quête du sens vécue personnellement avec des approches interculturelles. Cependant les histoires de vie par le blason ne s’expriment pas par le récit mais par le symbole. Le blason apparaît donc comme un instrument de communication à la fois complet et discret, il exprime et confronte les imaginaires personnels.
Blason personnel complexe
Blason de Henri III de Navarre-Bourbon (1572-1610), devenu roi de France sous le nom de Henri IV (1589-1610)
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Coupé et parti de quatre; au 1 du chef, aux chaînes d’or, posées en orle, en croix et en sautoir ; au 2, d’azur, à trois fleurs de lys d’or, à la bande rétrécie, de gueules brochant sur le tout ; au 3, de gueules plein, écartelé au 1 et au 4 de France ; au 4, d’or, à quatre pals de gueules ; au 5 et au 1 de la pointe, écartelé de Foix et de Béarn ; au 6, écartelé d’Armagnac-Rhodès ; au 7, semé de France, au bâton componné d’argent et de gueules ; au 8, écartelé, de Castille-Léon ; et sur le tout d’or, à deux lions léopardé de gueules, armés et lampassés d’azur.
Blason personnel simple
Blason de la famille du Bahuno de Kerolain
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De sable au loup passant d’argent surmonté d’un croissant du même.
A propos du symbole en héraldique
L’héraldique fait apparaître une dimension nouvelle : le symbole en action, elle allie simplicité et complexité et l’emploi judicieux des symboles met en jeu des énergies.
L’écu ressemble à un jardin clos. Au sein de ce lieu privilégié qu’est le « champ » de l’écu, à la géographie secrète, se posent ces figures qu’on appelle les « meubles ». Tout ce qui est appliqué sur le champ de l’écu porte ce nom, qu’il s’agisse de croix, d’animaux, de végétaux, de figures géométriques ou de tout autre représentation. Sur le fond stable de l’écu apparaissent ainsi ces éléments essentiellement « muables » que sont les « meubles », dont la fonction est de nuancer, de personnaliser les significations fondamentales exprimées par le champ. La forme, l’orientation, la disposition de ces meubles, rien de tout cela n’est laissé au hasard. Blasonner signifie parler, et le blason doit être considéré comme un appareil tout entier signifiant.
Il y a une sorte de gageure à vouloir exprimer, dans un espace aussi limité que le champ de l’écu, et à l’aide d’éléments aussi simples que les meubles et les couleurs héraldiques, le passé, le présent et le futur d’un être, dans ses aspirations les plus profondes et les plus secrètes.
Pierrette