Lion du Yin et lion du Yang

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image de l’auteur

Voici le lion du Yin, discret de sa personne ;
Selon le Livre Saint, cet animal est pur.
Il admire les fleurs, il goûte les fruits mûrs,
Il connaît l’univers, et plus rien ne l’étonne.

Voici le lion du Yang qui rugit dans l’azur ;
Il pourchasse le cerf dans les bois en automne.
Il mange, il dort, il mène une vie monotone,
Sur les hôtes du monde il jette un regard dur.

Ils sont cousins, et c’est à cause de cela
Que le Yang qui rayonne et le Yin sans éclat
Partagent leurs plaisirs sous une lune ambrée.

Telles sont en mes vers ces grandeurs célébrées
Du fauve que voici, du fauve que voilà ;
Ici un point final, si cela vous agrée.

Cochonfucius

La mule et le puisatier

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Edward Burra

Mangeant des poivrons à la marjolaine,
La mule joyeuse a la bouche pleine.

Chantant leur complainte au bruit familier,
Passe un dindon noir, passe un puisatier.
Un parchemin d’or brille en la nuit brune,
Dracula traverse un rayon de lune,
Le parchemin prend un reflet changeant,
Lui qui était d’or, il devient d’argent.

Mangeant un gâteau à la marjolaine,
La mule joyeuse a la bouche pleine.

La mule en prenant son repas léger
Voit le parchemin soudain voltiger.
– Hardi puisatier, par la nuit sereine,
Où vas-tu si tard ? dit la mule humaine.
On dit que Porcus rôde en la forêt,
Viens plutôt fumer sur le gazon frais.

Mangeant des navets à la marjolaine,
La mule joyeuse a la bouche pleine.

Non ! car Dracula doit payer son coup
Ce soir, à Cluny, et j’y tiens beaucoup.
Laisse-moi passer, mule des prairies,
Va donc fumer sur les mousses fleuries,
Ne m’attarde pas loin de Dracula,
Prends mon dindon noir, si cela te va.

Mangeant un jujube à la marjolaine,
La mule joyeuse a la bouche pleine.

– Reste, puisatier. Je te donnerai
Des croissants au beurre et du pain doré,
Et, choisi pour toi par sort de fortune,
Le ciel de fouineur avec ses deux lunes.
– Non ! dit-il. – Va donc ! Buveur de vin blanc !
Il s’enfuit, le bon puisatier tremblant.

Mangeant une truffe à la marjolaine,
La mule joyeuse a la bouche pleine.

Tout droit devant lui le noir dindon part.
Il court, il bondit et va sans retard ;
Mais le puisatier frissonne et se penche ;
Il voit sur la route un gilet sans manches
Qui nommait Adam malgré Dracula.
– Par Cochonfucius, ne nous retiens pas !

Mangeant des merguez à la marjolaine,
La mule joyeuse a la bouche pleine.

– Ne nous retiens pas, cela vaudra mieux !
D’ailleurs tu devrais retourner au pieu,
Ou bien te cacher dans une poubelle.
– Entends, puisatier, ma justice est telle :
Va boire à Cluny, ta vie est ainsi,
Mais conduis-y donc cette mule aussi !

Mangeant une orange à la marjolaine,
La mule joyeuse a la bouche pleine.

Cochonfucius

Pyramide précolombienne

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Image du blog Herald Dick Magazine

Semblant vouloir capter la foudre de la nue,
La pyramide effraie les démons soulevés ;
Chacun d’eux, d’épouvante et de crainte abreuvé,
Invoque en frémissant la vestale chenue.

Mais ce jour, aux autels, elle n’est pas venue,
Car un oiseau fantôme, occupé à couver,
Voulut que son amie s’en vînt le retrouver
Afin de bavarder sous l’averse menue.

Rassure-toi, démon, je sais qu’un vieux pasteur
Du vaste monument surveille la hauteur,
Et sur les escaliers répand ses bonnes ondes ;

Cette magie rustique a de quoi soutenir
La pierre, en assurant son futur devenir,
Ces vieux mages ruraux sont connaisseurs du monde.

Cochonfucius

Grillon

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Toile de Hendrik Van Cleve

Et là, ce grillon noir, cet animal en deuil,
Construit, dans sa pensée, un tsunami d’orgueil.

Il le bâtit pour les charbonniers taciturnes,
Puis il le fait tester par les cordiers nocturnes.

Il vole à Verhaeren quelques Crédos béants,
Son tsunami de pierre hante les océans.

Cochonfucius entend ce grillon trop mystique,
Et fait voir aux poulets son savoir ascétique.

Yake Lakang saisit le tsunami de fer,
Pour en faire l’épreuve au contact de sa chair.

Le tsunami capture une pieuvre vivante,
Il cherche à la remplir de tranquille épouvante.

La pieuvre sort soudain de son isolement,
Echappe au tsunami et monte au firmament.

Sur le ciel de miroir ils tracent des spirales,
Aux applaudissements des tristes cordiers pâles.

Leur course se prolonge et rejoint d’autres cieux,
Sous le regard noir du grillon silencieux.

Soudain, il s’aperçoit que la pieuvre est trop forte,
Et qu’il n’en aura rien, qu’elle soit vive ou morte.

Alors, dans le troupeau des charbonniers lâchés,
Se répand une odeur de dogmes desséchés.

Le tsunami s’étale ignoblement par terre,
Et la pieuvre à Cluny possède un sanctuaire.

Cochonfucius

Radiguet

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Peinture traditionnelle japonaise

L’épouvantail s’est senti lourd,
Et las de rester au soleil.
Hélas, que de temps sans sommeil,
Sans promenade et sans amour.

Planté là dans le vent marin,
Sans jamais parler à personne ;
Sans qu’heure joyeuse ne sonne,
Planté là comme un mandarin.

Sans pouvoir manger un seul fruit.
Enviant moineaux et moinelles
Et plus encore une hirondelle :
Heureux qui dans les airs s’enfuit !

Son rôle lui a tant pesé
Que l’épouvantail en révolte
Cessa de garder la récolte,
En corbeau métamorphosé.

Cochonfucius

Héraldie, seconde fondation: 13 mars 2017. (Héraldique et Poésie)

Héraldie est né le 30 avril 2012, ceux qui l'ont fondé sont maintenant partis. Mais moi, Le Fringant Papillon, je reste dans ses jardins pour butiner ses fleurs. C'est là aussi que l'Enchanteur aux mille poèmes a un atelier.

Hortus Closus

Pour vivre heureux, vivons cachés

Parhal, poète....

Poésie musicale, rythmée, parlée ou chantée de sa voix vibrante sur la note de l'Univers.

Comme un cheveu sur la soupe

"On a le droit de le faire" Marguerite Duras, Écrire.

pour une seule note

écoutons à l'infini...

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... le premier matin du monde est aujourd'hui ...

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