Soir de printemps

la-taverne-de-cluny-1.jpg

Marchant près du canal, quand le soleil se couche
Et qu’il ne daigne plus aux cieux se soutenir,
Je pense aux faits du jour que je veux retenir
Selon qu’ils ont du sens, et selon qu’ils me touchent.

Si cette promenade en taverne débouche,
C’est que j’ai dans ces lieux d’excellents souvenirs
Qui naturellement me font là revenir ;
Et puis, on y entend parfois du jazz manouche.

En ce soir de printemps, buveurs jeunes et vieux
Croient être dans un monde où tout va pour le mieux,
Comme s’ils retrouvaient leur âme estudiantine.

Après boire, ils prendront un vrai temps de repos,
Pour être, demain soir, des buveurs bien dispos ;
Il est un âge où l’on ne craint plus la routine.

Cochonfucius

Loin des muses

gaste-foret.jpg

Forêt dont toute muse est aujourd’hui absente,
J’aime tes chers oiseaux et leurs aimables mots ;
On croirait éprouver l’émotion qu’ils ressentent,
Même si l’on ne sait la source de leurs maux.

Merci de me parler, oiseaux pareils aux anges,
Avec tant de candeur et de civilité :
Merci de m’écouter, forêt où rien ne change,
Forêt aux noirs chemins, merci de m’abriter.

Cochonfucius

Moine astronome

opgk.png

image de l’auteur

Le moine voit au ciel, à l’heure des matines,
Une lune d’argent, resplendissant émail ;
Elle semble approuver et bénir son travail,
Récitant avec lui des formules latines.

Un estival soleil éclaire la cantine
Et l’humble potager orné d’épouvantails ;
Passant par chaque vitre et par chaque vitrail,
Il manifeste ainsi sa grâce adamantine.

Par Lune et par Soleil sont les astres charmés,
Qui aux sphères du ciel se trouvent enfermés,
Retenus par l’éther qui ne fait point de vagues.

Mieux vaut ce vieux couvent qu’un auguste palais,
C’est un endroit paisible, on n’y fait rien de laid,
Et puis le Père Abbé sait d’amusantes blagues.

Cochonfucius

Le procès (prologue du film d’Orson Welles, 1962)

L’écran d’épingles d’Alexandre Alexeïeff

 

La parabole de la Loi

Devant la Loi, il y a un gardien. Un homme de la campagne arrive devant ce gardien et le prie de le laisser entrer dans la Loi. Mais le gardien dit qu’il ne peut le laisser entrer maintenant. L’homme réfléchit et lui demande s’il pourra entrer plus tard alors. « C’est possible, dit le gardien, mais pas maintenant ». La porte de la Loi étant ouverte comme toujours, et le gardien s’étant mis sur le côté, l’homme se penche afin de voir l’intérieur de l’autre côté de la porte. Le gardien le remarque et se met à rire, avant de lui dire : « Si cela t’attire tant, essaye donc d’entrer alors que je te l’ai interdit. Mais pense à cela : je suis puissant. Et je ne suis que le gardien tout en bas de l’échelle. Dans chaque salle il y a un gardien, l’un plus puissant que l’autre. Même moi je ne peux pas soutenir le regard du troisième. » L’homme de la campagne ne s’attendait pas à de telles difficultés ; la Loi doit pourtant être accessible à chacun et à chaque instant, pense-t-il, mais maintenant qu’il regarde plus attentivement le gardien dans son manteau de fourrure, son grand nez pointu, sa barbe noire et mince de Tartare, il décide d’attendre quand même qu’on lui permettre d’entrer. Le gardien lui donne un escabeau et le laisse s’asseoir à côté de la porte. Il reste assis là des jours et des années. Il fait plusieurs tentatives pour qu’on le laisse entrer, et il fatigue le gardien avec ses demandes. Le gardien le soumet fréquemment à de petits interrogatoires, lui pose des questions sur son pays et sur beaucoup d’autres choses, mais ce sont des questions sans chaleur, comme les posent de grands seigneurs, et pour finir il lui dit à chaque fois qu’il ne peut pas encore le laisser entrer. L’homme qui pour son voyage s’est équipé de beaucoup de choses, les emploie toutes, même celles qui ont le plus de valeur, afin de corrompre le gardien. Celui-ci accepte chacune d’entre elles, mais en disant : « J’accepte seulement afin que tu ne croies pas que tu as laissé passer quelque chose. » Pendant toutes ces années, l’homme observe le gardien presque sans interruption. Il oublie les autres gardiens et celui-ci lui paraît être le seul obstacle qui l’empêche d’entrer dans la Loi. Il maudit le malheureux hasard, les premières années brutalement et d’une voix forte, puis, plus tard, devenu vieux, il ne fait plus que ronchonner. Il devient puéril, et comme pendant toutes ces années d’études du gardien il a également vu les puces dans son col de fourrure, il finit par prier aussi les puces de l’aider et de faire changer d’avis le gardien. Enfin sa vue baisse, et il ne sait pas si tout autour de lui s’assombrit vraiment, ou si ce sont seulement ses yeux qui le trompent. Mais, dans le noir, il distingue bien à présent une lueur qui surgit de la porte de la Loi et ne s’éteint pas. Il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre. Avant sa mort, toutes les expériences qu’il a faites au long des années se rassemblent en une seule question qu’il n’a jusqu’alors jamais posée au gardien. Il lui fait signe, car il ne peut plus redresser son corps qui se fige. Le gardien doit se pencher beaucoup, la différence de taille entre eux ayant augmenté, à la défaveur de l’homme. « Que veux-tu donc encore savoir ? lui demande le gardien, tu es insatiable. » « Tous les hommes sont attirés par la Loi, dit l’homme, mais comment se fait-il que personne à part moi n’ait demandé la permission d’entrer ? » Le gardien se rend compte que l’homme approche déjà de sa fin, et, afin que l’autre à l’ouïe évanescente l’entende encore, il lui crie : « Personne d’autre que toi ne pouvait obtenir la permission d’entrer ici, car cette entrée n’était destinée qu’à toi. Je m’en vais à présent et je ferme la porte. »

Franz Kafka, Le Procès, chapitre 9, traduction  par Laurent Margantin

Héraldie, seconde fondation: 13 mars 2017. (Héraldique et Poésie)

Héraldie est né le 30 avril 2012, ceux qui l'ont fondé sont maintenant partis. Mais moi, Le Fringant Papillon, je reste dans ses jardins pour butiner ses fleurs. C'est là aussi que l'Enchanteur aux mille poèmes a un atelier.

Hortus Closus

Pour vivre heureux, vivons cachés

Parhal, poète....

Poésie musicale, rythmée, parlée ou chantée de sa voix vibrante sur la note de l'Univers.

Comme un cheveu sur la soupe

"On a le droit de le faire" Marguerite Duras, Écrire.

pour une seule note

écoutons à l'infini...

Le monde est dans tes yeux ...

... le premier matin du monde est aujourd'hui ...

WordPress.com en français

Toutes les nouvelles de la communauté WordPress.com