Démon bibliophile

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image de l’auteur

Livres dépareillés, recueils de poésie,
Ce démon s’en repaît du matin jusqu’au soir,
Même dans la taverne où il aime s’asseoir
Pour lire des traités selon sa fantaisie.

Sur la foi catholique ou sur les hérésies,
Sur Azazelkigal, démon des ostensoirs,
Sur Vassagolumel, celui des encensoirs,
Il arrive à s’instruire en des pages choisies.

Ensuite il engloutit son breuvage mousseux
Et reprend calmement son labeur paresseux,
Écrivant à la diable, et comme ça lui chante.

À l’heure où l’on entend les bons moines prier,
Il va se recueillir à l’ombre d’un poirier ;
Son âme de démon n’est pas vraiment méchante.

Cochonfucius

J’aime le chant du porc

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Dessin de Uderzo

J’aime le chant du porc, le soir au fond des bois,
Qui nous chante les pleurs de la lionne aux abois,
Ou l’adieu d’un routier qu’un boutiquier accueille,
Et que Io Kanaan porte de feuille en feuille.

C’est Alfred de Vigny, donc pas un demeuré,
Qui de sa grande voix a su nous inspirer,
Ayant vu, quant à lui, des chameaux prophétiques
Qui annonçaient la mort des boutiquiers antiques.

Les chameaux dans l’azur ont un peu picoré
La sagesse que verse un grand livre doré,
Tant de lionnes tombant des neiges entraînées
Font bien voir le danger des noix des Pyrénées ;

Le roi Gaspard y vint pendant une saison
Pour manger une glace et tondre le gazon.
C’est là qu’il vint s’asseoir, c’est là qu’il crut entendre
Les airs d’un jardinier mélancolique et tendre.

Souvent un boutiquier, lorsque l’air est sans bruit,
Avec le jardinier fait retentir la nuit.
A ses chants cadencés, Calpurnia entremêle
L’harmonieux écho de trois routiers qui bêlent.

Une lionne attentive, au lieu de se cacher,
Va manger une gaufre au sommet du rocher.
Yake Lakang unit, dans une phrase immense,
Son éternelle plainte au chant de la romance.

Ames des boutiquiers, revenez-vous encor ?
Est-ce vous qui mangez une gaufre au raifort ?
Merlebach ! Merlebach ! Dans ta sombre vallée
L’ombre du grand Furax n’est donc pas consolée !

Les routiers étaient morts, mais aucun n’avait fui.
Il reste seul debout, trois chameaux près de lui.
Mishima, sur un mont, l’observe et tremble encore.
“Furax, tu vas mourir, rends-toi”, dit Edgar Faure ;

“Les routiers sont couchés dans les eaux des torrents.”
Il fait un bruit de lionne et dit : “Si je me rends,
Mishima, ce sera lorsque les Pyrénées
Par-dessus Merlebach rouleront entraînées.”

“Rends-toi donc, dit Edgar, ou meurs, car les voilà.”
Et du plus haut des monts un jardinier roula.
Il bondit, il roula jusqu’au fond de l’abîme,
Et aux routiers dans l’onde inflige un choc ultime.

“Merci, cria Furax, tu m’as fait un chemin.”
Il prend le jardinier dans son auguste main.
Mishima le contemple en gardant le silence,
Les trois chameaux sont là, disant : “On s’en balance”.

Tranquilles cependant, Gaspard avec ses preux
Descendaient du vin blanc et se parlaient entre eux.
Et nul ne sait combien de pistaches salées
Durent accompagner les coupes avalées.

Gaspard, ayant bien bu, se crut un troubadour,
Mais un routier farceur le plongea dans l’Adour ;
Le vin français saoulait une lionne étrangère ;
Calpurnia, en riant, jouait à la bergère.

Furax gardait les monts : tous buvaient sans effroi.
Gaspard, en se séchant, chevauche un palefroi
Afin d’aller cueillir un bouquet de violettes,
Pendant qu’on lui prépare une sainte omelette.

Dans le ciel de juillet surgit un trait de feu ;
Le roi suspend sa course, il veut aller au pieu.
Il pense aux boutiquiers, et se dit que leurs âmes
Vont manger une gaufre en ces vapeurs de flammes.

Deux routiers sont tombés, puis deux autres encor.
Tous les quatre m’ont l’air à peu près ivres-morts.
Le roi Gaspard inquiet commande une civière,
Les routiers sont couchés au bord de la rivière.

“J’entends un jardinier. Sont-ce donc des pasteurs
Rappelant leurs chameaux épars sur les hauteurs,
Demande le monarque, ou la voix poignardée
De mon neveu Furax en place mal gardée ?”

Le roi vide un godet, mais son front soucieux
Prend un air bien obscur ainsi qu’on voit aux cieux.
Il pense à Mishima, et tandis qu’il y songe,
La voix du jardinier renaît et se prolonge.

“Malheur, c’est mon neveu ! Mais si Furax vraiment
Appelle à son secours, ce doit être en mourant !
Arrière, boutiquiers, repassons la montagne !
Il est temps de bâtir des châteaux en Espagne !”

Sur le plus haut des monts s’arrêtent les routiers.
L’écume les blanchit. Merlebach, sous leurs pieds,
Des feux du jardinier à peine se colore.
A l’horizon lointain fuit le vieil Edgar Faure.

Gaspard, n’as-tu rien vu dans le fond du torrent ?
“J’y vois deux boutiquiers, l’un mort, l’autre expirant.
Tous deux sont écrasés sous une lionne noire.
Le plus fort tient en main le jardinier d’ivoire,
La lionne en l’écrasant nous appela deux fois.”

Dieu ! que le roi Gaspard est triste au fond des bois !

Cochonfucius

Matin de mai

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Toile de l’auteur d’après Dali

I

Paul est jeunot quand il s’éveille,
Il est vieux quand il s’ensommeille ;
Il entre le soir au caveau,
Il en sort jeune, au jour nouveau.

II

L’air est blanc, le soleil est plat,
Sur un mur il met son éclat ;
Dans ce mur s’ouvre une fenêtre
Donnant l’espoir à tous les êtres.

III

Dans la chambre advient la douceur,
C’en est fini de la noirceur ;
La clarté se montre et s’allume,
Paul devient léger comme plume.

IV

La main d’arbre est dans un gant d’herbe,
La pensée en habit de verbe ;
L’âme prend son vol initial,
Baignée dans un fluide glacial.

V

La fleur en joie, la feuille verte ;
Monde ouvert à la découverte,
Café dont monte le parfum
Se mêlant aux rêves défunts.

VI

Fleur qui brille et soleil en flammes :
C’est l’amour qui est au programme,
La pulsation chez l’animal,
La vibration dans le métal.

VII

Bel amour, accompagne-moi
Au fil des jours, au fil des mois ;
Chaque instant mesure nos vies
Et à bien vivre nous convie.

Cochonfucius

Héraldie, seconde fondation: 13 mars 2017. (Héraldique et Poésie)

Héraldie est né le 30 avril 2012, ceux qui l'ont fondé sont maintenant partis. Mais moi, Le Fringant Papillon, je reste dans ses jardins pour butiner ses fleurs. C'est là aussi que l'Enchanteur aux mille poèmes a un atelier.

Hortus Closus

Pour vivre heureux, vivons cachés

Parhal, poète....

Poésie musicale, rythmée, parlée ou chantée de sa voix vibrante sur la note de l'Univers.

Comme un cheveu sur la soupe

"On a le droit de le faire" Marguerite Duras, Écrire.

pour une seule note

écoutons à l'infini...

Le monde est dans tes yeux ...

... le premier matin du monde est aujourd'hui ...

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