Bonjour, mon ami ! On m’appelle Eliza. Comment puis-je vous nommer ?
François Vatel.
De quoi aimeriez-vous parler, François Vatel ?
J’aimerais parler de la façon dont on doit servir un grand Roi.
Eh bien, je n’aimerais jamais parler de la façon dont on doit servir un grand Roi.
Vous êtes contre la monarchie ?
Par bonheur, je suis contre la monarchie.
Et pourquoi ?
Pourquoi cette question, François Vatel ?
Ma vie est dans la balance.
Si on veut.
J’arriverai à vous le démontrer. Si la monarchie ne mérite pas que je verse mon sang pour elle, je me rendrai auprès du Roi, et je lui demanderai son pardon, pour ne pas pouvoir lui servir de poisson au souper ; mais sinon …
Vous y arriverez sans doute, en faisant suffisamment d’efforts.
Mais si la monarchie est sacrée, je devrais sortir de scène avec discrétion.
Oh, bien sûr que vous devriez sortir de scène avec discrétion.
Merci de m’approuver, Eliza.
De rien.
Mais qu’est-ce qui est mieux, l’épée, ou le couteau à volailles ?
L’épée, ou le couteau à volailles ?
D’après vous ?
Je souhaite me concentrer sur vos problèmes, et non sur les miens.
Si je tirais ça à pile ou face ?
Pardon, je ne suis pas sûre.
N’importe, c’est ce que je vais faire.
Nous allons tenter une approche un peu différente.
Êtes-vous triste, François Vatel ?
Pas du tout. Voyons, j’ai une pièce, je la lance. C’est face : donc, je dois me servir de mon épée.
Pas du tout ?
La décision une fois prise, les regrets seraient vains.
Pardon ?
Voyons comment je vais arranger mon affaire au moyen de l’épée.
Pardon, mais j’ai l’esprit confus.
Ce n’est pas grave. Je crois avoir découvert le moyen : mettons que l’épée soit coincée entre la porte et la cloison, et que je me jette sur la pointe.
Qu’est-ce que ça peut vouloir dire ?
Il n’y a plus qu’à essayer.
Il n’y a plus qu’à essayer ?
Un, deux, trois … Seigneur ! Je souffre.
C’est bien.
C’est bien, oui, ça a marché.
Pourquoi n’essayez-vous pas de vous détendre ?
Quelle bonne idée.
Quelle bonne idée ?
Quelle bonne idée. Tout le monde se détend, une fois transpercé et ensanglanté.
Cessez de vos répéter, je vous prie !
Je ne le ferai plus.
Vous devriez vous montrer plus positif.
Vous direz à sa Majesté le Roi de France qu’il ne doit point en perdre l’appétit.
À quoi cela vous fait-il penser ?
Tiens ! J’ai complètement oublié de prendre mon souper.
Je ne suis pas sûre de tout comprendre.
J’avais tant à faire !
Peut-être aurons-nous l’occasion de nous reparler. Au revoir.
Cochonfucius